Chroniques
DIAMANT BRUT – Agathe Riedinger
Agathe Riedinger questionne, sans jamais juger, la performance de la féminité comme espoir d’ascension sociale. Malheureusement, certains procédés de mise en scène sont sans cesse recyclés et s’épuisent, jusqu’à dresser un portrait qui reste assez superficiel.
ÇA ARRIVE – Sabrina Nouchi
Pour sa troisième réalisation, Sabrina Nouchi lâche une véritable bombe. Ça arrive nous plonge pendant trois jours dans la brigade des mœurs de Marseille, où les plaintes pour violences sexuelles s’enchaînent. Mêlant une esthétique simple empruntée au documentaire à des dialogues ciselés, Sabrina Nouchi peint une réalité crue et, par conséquent, bouleversante.
DIEU, TU ES LÀ ? C’EST MOI MARGARET – Kelly Fremon Craig
Pour son second long-métrage, la réalisatrice Kelly Fremon Craig adapte l’un des romans cultes de l’autrice jeunesse américaine de référence : Judy Blume. Elle en tire un coming of age tendre et malicieux mettant en valeur la beauté des amitiés féminines préadolescentes.
PRODIGIEUSES – Frédéric et Valentin Potier
Écrire à quatre mains un scénario sur deux pianistes, voilà qui est fort à propos. Dans leur premier long-métrage, Frédéric et Valentin Potier (père et fils) racontent le parcours de jumelles musiciennes frappées par une maladie qui les empêche de jouer. Ce récit de reconstruction, inspiré d’une histoire vraie, est certes prévisible mais réussit à éviter les clichés pour se muer en une ode sensible à la sororité.
GIFF 2024 : PLANÈTE B - Aude Léa Rapin
Imaginant que la France, en 2039, est définitivement tombée dans l’autoritarisme, la réalisatrice Aude Léa Rapin propose un film d’anticipation intelligent et honnête, qui n’a cependant pas toute la force évocatrice des classiques du genre.
GIFF 2024 : THE SHAMELESS - Konstantin Bojanov
Le réalisateur bulgare Konstantin Bojanov s’immerge dans le quotidien de travailleuses du sexe du sud de l’Inde pour raconter une histoire d’amour lesbienne impossible.
GOOD ONE - India Donaldson
Dans la lignée directe d’Aftersun, la réalisatrice India Donaldson propose un coming of age tout en douceur sur la fin de l’adolescence et l’apparition du regard masculin.
TIME CUT - Hannah MacPherson
Pour Halloween, Netflix continue de creuser son catalogue thématique et de nous abreuver d’une nostalgie pas si lointaine – ici les années 2000 – avec un navrant slasher spatio-temporel adolescent à bout de course et surtout à court d’idées neuves.
L’AFFAIRE NEVENKA - Icíar Bollaín
En racontant l’histoire vraie de Nevenka Fernández, qui porta plainte à la fin des années 1990 pour harcèlement sexuel contre le maire de Ponferrada Ismael Álvarez, la réalisatrice Icíar Bollaín plonge avec précision dans le mécanisme d’emprise et ses ravages.
THE SUBSTANCE - Coralie Fargeat
La réalisatrice Coralie Fargeat propose une surenchère de body horror jusqu’à l’indigestion, mais ne réussit pas à camoufler un propos féministe rebattu et bien moins subversif qu’il n’y paraît.
LOUISE VIOLET - Éric Besnard
Après avoir raconté la création du premier restaurant français dans Délicieux, Éric Besnard continue son exploration de l’histoire de l’Hexagone avec Louise Violet, un long-métrage sur la mise en place de l’école laïque et obligatoire. Un film « plein de bons sentiments » (comme dirait votre grand-mère) mais qui peine à sortir des clichés dans lesquels il s’embourbe.
TÉLÉTRAVAIL DU SEXE - Carmina & Prune
Sous la direction de Carmina et Prune, des créateur·ices de contenu adulte en ligne affirment leur fierté d’exercer leur métier, dans ce documentaire qui en dévoile les coulisses. Une réappropriation nécessaire du discours sur ce milieu tant stigmatisé.
TÓTEM - Lila Avilés
Pour son second long-métrage, Tótem, la cinéaste mexicaine s’immisce au plus près de l’intimité d’une famille à travers le regard d’une petite fille, à la frontière entre la vie et la mort, avec une grande maîtrise.
ANORA - Sean Baker
La Palme d’or 2024 met à l’honneur l’humour et la plume unique de Sean Baker, qui donne vie à des personnages marginaux inoubliables. Son cinéma s’épanouit dans cette tragicomédie d’action euphorique où Mikey Madison incarne une travailleuse du sexe rayonnante qui va chercher à saisir son propre rêve de princesse.
FARIO - Lucie Prost
Le long-métrage de Lucie Prost est un premier film bourré de charme et étrange, mélange détonnant entre plusieurs genres, film de deuil virant au fantastique et portrait d’une jeunesse engagée mais paumée.
NORAH - Tawfik Alzaidi
Dans ce premier long-métrage réalisé dans l’époustouflante oasis d’Al-Ula dans la région de Médine en Arabie Saoudite, le cinéaste saoudien Tawfik Alzaidi dresse un portrait de la société saoudienne ultra-conservatrice des années 1990 et raconte avec délicatesse et lyrisme la quête de liberté de Norah.
CULTE - Matthieu Rumani et Nicolas Slomka
Revenant sur la production de Loft Story menée par une bande de jeunes loups persuadés – à juste titre – de révolutionner le divertissement, la série Culte convainc par son double portrait féminin. Isabelle de Rochechouart, la productrice. Loana, la candidate. Deux personnages miroirs enfermés dans l'œil du cyclone médiatique et misogyne, mais dont la différence de traitement fictionnel interroge.
LE ROBOT SAUVAGE - Chris Sanders
Adapté du roman illustré de Peter Brown, Le Robot sauvage est un conte universel malin et poétique – doté d’une identité visuelle empruntée à la peinture impressionniste – sur la découverte de soi et l’acceptation du deuil, faisant de son héroïne robot une figure maternelle inattendue.
L’AMOUR OUF - Gilles Lellouche
Le second film de Gilles Lellouche, présenté en compétition officielle au Festival de Cannes, raconte l’histoire passionnée, sur plusieurs années, d’une jeune fille et d’un petit voyou. Outre une mise en scène saturée d’effets aussi rutilants qu’inutiles, le cinéaste propose une vision de l’amour au mieux ringarde, au pire toxique.
LA NOIRE DE… - Ousmane Sembène
Prix Jean-Vigo 1966 et premier long-métrage du réalisateur et auteur sénégalais Ousmane Sembène, La Noire de… ressort en salles. Il signe la naissance d'un grand cinéaste, celle à l’écran de Mbissine Thérèse Diop, première grande actrice des cinémas du continent africain. Plus de cinquante ans après sa sortie originelle, la portée politique du film demeure intacte et désespérément actuelle.