GIFF 2025 : QUEENS OF THE DEAD - Tina Romero

© Dulac

La nuit des reines vivantes

Qui mieux que la fille de George A. Romero, maître du genre, pour subvertir le film de zombies ? Présenté au Festival du film international de Genève, son premier long-métrage est une œuvre joyeusement gore et engagée, qui manque malheureusement de rythme.

Dans Queens of the Dead, le premier mot est à prendre au sens artistique du terme. Les reines choisies par Tina Romero pour son premier long-métrage sont celles du drag, plus habituées à enfiler des talons hauts et de faux cils qu’à combattre une apocalypse zombie. Dans son film, il leur faudra pourtant faire les deux lorsque les morts-vivants envahissent les rues de Brooklyn, bien décidés à s’incruster au show en préparation dans le club tenu par Dre (Katy O’Brian, actrice butch qui tenait la dragée haute à Kristen Stewart dans Love Lies Bleeding). Alors que sa compagne, Lizzie, infirmière, tente de fuir son hôpital submergé par des infectés pour la rejoindre, Dre met sur pied une task force anti-zombie bigarrée, allant de Sam, ancienne étoile montante du drag, à Barry, son beau-frère désespérément hétéro-beauf.

Il se dégage de cette galerie de personnages hauts en couleur un charme certain et un humour fou. La séquence d’ouverture, lors de laquelle une queen entre en combinaison lamée dans une église et matche le prêtre sur une application de rencontre, est hilarante. Le décalage total de Barry dans un univers queer auquel il ne comprend strictement rien est aussi un ressort comique efficace. Et Tina Romero, qui se permet un clin d'œil à son statut de nepo baby (« Les zombies n’existent pas, on n’est pas dans un film de George A. Romero ! » s’exclame un personnage), n’oublie pas l’enseignement de son père : l’horreur a toujours un propos social et politique. En l’occurrence, au-delà de l’enjeu des représentations qui traverse évidemment Queens of the Dead, on pourra noter la dose d’empathie qu’injecte le film à l’égard de ses morts-vivants, de la part d’une communauté qui ne connaît que trop bien les conséquences de l’ostracisation.

Cette subversion reste néanmoins gentillette, et on aurait pu espérer plus de férocité dans l’écriture. Surtout, la mise en scène de Tina Romero s'essouffle trop rapidement pour convaincre. Ce que les vannes, le casting (essentiellement composé de figures du drag, mais aussi d’artistes engagées de la première heure, comme la comédienne bisexuelle Margaret Cho) et quelques très bonnes idées (une arrivée héroïque en trottinette électrique) parviennent à tenir à bout de bras s’effondre même totalement lors du grand combat final, improbablement raté et mollasson. Il n’y a plus qu’à espérer que la cinéaste gardera son énergie communicative pour de prochains films plus maîtrisés.


MARGAUX BARALON

Queens of the dead

Réalisé par Tina Romero

Avec Katy O'Brian, Margaret Cho, Jack Haven

Ce film est présenté au Geneva International Film Festival

Un groupe de drag queens s'allient pour combattre des morts-vivants.

Prochainement en salles

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