LA FEMME DE MÉNAGE – Paul Feig
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Promising Young Woman
En adaptant le best-seller international de l’autrice Freida McFadden, le réalisateur Paul Feig (Bridesmaids, Last Christmas) s’embourbe dans un exercice qui évite soigneusement toutes les thématiques et les possibilités esthétiques que lui offrait le roman. Résultat : un film à suspens pénible et sans éclat.
Premier roman de la tétralogie écrite par Freida McFadden, La Femme de ménage suit Millie, une jeune femme au passé trouble. Fraîchement sortie de prison après dix années de détention et mise en liberté conditionnelle, elle souhaite repartir de zéro et s’offrir une vie meilleure. Devenue femme de ménage pour la riche famille Winchester, son nouveau quotidien tranquille tourne rapidement au cauchemar. Sur le papier, cette adaptation d’un thriller psychologique avait tout pour nous intriguer. Le roman, véritable page turner, savait ménager son suspens et créer un twist inattendu. On attendait donc beaucoup de Paul Feig qui, en 2018, s’était déjà attaqué avec panache à l’adaptation du roman Disparue de l’autrice Darcey Bell. Il livrait L’Ombre d’Emily (et sa suite en 2025), qui suivait une enquête policière farfelue avec une bonne dose de sarcasme et un stylisme outrancier. L’alchimie du duo de comédiennes, Anna Kendrick et Blake Lively, y faisait des étincelles.
Cette fois-ci, Feig s’intéresse à un nouveau duo féminin porté par Sydney Sweeney et Amanda Seyfried, qui incarnent respectivement la bonne à tout faire et la patronne. Si l’écriture de McFadden dénotait d’une certaine efficacité pour contrebalancer le manque de finesse de son roman, bourré de poncifs,le film de Feig se prend les pieds dans le tapis d’une adaptation trop littérale, qui manque cruellement de fantaisie et d’une touche personnelle. Sa mise en scène plate tient plus du téléfilm ringard que du thriller haletant. On n'avait pas vu des scènes de sexe aussi gênantes et insipides depuis longtemps. Pourtant, le matériau original donnait largement assez de thématiques à appuyer, comme la lutte des classes, la parentalité ou, bien évidemment, les enjeux sociaux genrés imposés aux personnages féminins.
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A doll’s house
De ce rapport de rivalité féminine, Feig n’écorche que la surface, déroulant sans grande conviction les traumatismes respectifs de son duo de protagonistes. Il y avait tant à dire sur les enjeux de violences faites aux femmes dans un système patriarcal ou encore sur les violences économiques et sociales dans les couples. Pas troublé pour un sou, Feig ne profite même pas de la ressemblance évidente, voire presque hitchcockienne, entre Sweeney et Seyfried, pour semer le doute.
Particulièrement fainéant, le réalisateur se contente de laisser les clés de ce bien triste manoir à ses comédiennes, dont seule Amanda Seyfried sait se dépatouiller. Elle parvient malgré tout à composer une prestation inquiétante de bourgeoise fragile et lunatique, alors que Sweeney, totalement robotique, se noie dans une interprétation léthargique qui aurait mérité plus de corporalité et d’ambivalence. À force d’éviter son propre film, Feig nous laisse devant un thriller psychologique éventé et interminable.
LISA DURAND
La Femme de Ménage
Réalisé par Paul Feig
Avec Sydney Sweeney, Amanda Seyfried, Brandon Sklenar
En quête d’un nouveau départ, Millie accepte un poste de femme de ménage à demeure chez Nina et Andrew Winchester, un couple aussi riche qu’énigmatique. Ce qui s’annonce comme l’emploi idéal se transforme rapidement en un jeu dangereux, mêlant séduction, secrets et manipulations. Derrière les portes closes du manoir Winchester se cache un monde de faux-semblants et de révélations inattendues… Un tourbillon de suspense et de scandales qui vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière seconde.
En salles le 24 décembre 2025.