Cannes 2025 - L’ENGLOUTIE - Louise Hémon

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A song of ice and fire

Le premier long-métrage de Louise Hémon, présenté à la Quinzaine des cinéastes, présente une lecture mystérieuse, bien que convenue, sur la naissance du désir féminin au creux des montagnes.

Sur les liens tissés entre l’eau, la mort et le désir féminin, nous nous étions déjà attardées lorsque l’Espagnole Elena Lopez Riera avait réalisé son mystique El Agua en 2022. Avec son premier long-métrage, Louise Hémon prolonge cette filiation dans un univers de glace, perché dans les Hautes-Alpes, où une jeune institutrice, Lazare (Galatéa Bellugi), s’installe pour faire la classe aux enfants du village, à l’aube du XXe siècle.

La blancheur aveuglante des journées enneigées succède aux très belles scènes de nuit, où le mystique l’emporte, où les avalanches tombent et la mort fauche. Car Louise Hémon s’intéresse à la ligne fine entre le visible et l’obscurité, le rationnel et le mystique, à l’image de cette scène où Lazare fige par l’écriture des légendes orales, mouvantes, intangibles. Mais L’Engloutie s’intéresse surtout à la naissance du désir de son héroïne, et c’est sans doute là son point faible. Au sein du village s’installe un triangle amoureux entre Lazare et deux garçons de son âge (Matthieu Lucci et Samuel Kircher, visiblement catalogué aux rôles sexualisants depuis L’Été dernier), par lequel la jeune femme va découvrir l’étendue de son désir. 

On regrettera à cette trame une mise en scène fort convenue (des mises en parallèle de la glace extérieure et du feu intérieur, des seaux d’eau qui débordent à la vue des corps masculins), où la morbidité du désir, à laquelle renvoie un cercueil attaché sur le toit de la jeune femme en attendant le dégel du sol, n’est que trop peu explorée. Reste un beau film de mise en scène, duquel se détachent quelques séquences pleines de grâce (une danse endiablée pour fêter le passage du siècle, l’enseignement de la cartographie et l’obsession des colonies comme matérialisation de l’au-delà) et l’amour que porte la réalisatrice à la montagne et son mystère quasi divin.


MARIANA AGIER

L’engloutie

Réalisé par Louise Hémon

Avec Galatea Bellugi, Matthieu Lucci, Samuel Kircher

Ce film est présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2025

1899. Hautes Alpes. Soudain est un hameau encerclé par la neige sur les hauts plateaux d’une montagne reculée. Ses habitants voient arriver, par une nuit de tempête, Aimée, une jeune institutrice, laïque et républicaine, qui restera le temps de l’hiver pour faire l’école à une poignée d’enfants. Mais peu après son arrivée, une avalanche engloutit un premier montagnard…

En salles le 24 décembre 2025

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