LA TRILOGIE D’OSLO - Dag Johan Haugerud

© Pyramide Distribution

Passions simples

En trois films, Rêves, Amour et Désir, sortis ces dernières semaines, le réalisateur norvégien dessine une cartographie des amours contemporaines. Tout en subtilité, modernité et tendresse pour les mots.

Que n’a-t-on pas déjà dit de l’amour au cinéma ? L’art a ceci d’extraordinaire qu’il n’empêche pas, et même qu’il encourage, la récidive. Car on trouve toujours de nouvelles façons d’aborder l’intime sentiment. Et, en cas de réussite, il nous semble alors que c’est la première fois. Dag Johan Haugerud l’a bien compris, lui qui, juste après l’épidémie de Covid-19, parvient à vendre une trilogie entière sur le sujet. Rêves, sorti le 2 juillet, Amour, en salles depuis le 9 juillet, et Désir, qui vient de les rejoindre sur grand écran, sont autant d’explorations du sentiment amoureux, liées entre elles par trois éléments : leur point de départ d’abord, avec des hommes et des femmes troublé·es par une rencontre, leur décor en suite, la ville d’Oslo, et enfin un personnage de psy, tantôt sur le devant de la scène, tantôt très discret.

La trilogie d’Oslo est donc l’occasion de faire la rencontre de Johanne, lycéenne qui tombe amoureuse de sa professeure de français, de Marianne, oncologue qui hésite entre le couple et les coups d’un soir, ou d’un ramoneur qui avoue à sa femme avoir couché avec un client. Dag Johan Haugerud détricote avec délicatesse tous les liens, même les plus évidents, pour cartographier les moindres recoins des relations avec une formidable modernité. Désir est ainsi l’occasion de montrer à l’écran une amitié masculine d’une simplicité renversante, dans laquelle on confie ses fantasmes les plus improbables. Alors que dans Rêves, le trouble neuf de la jeune Johanne est partagé avec sa mère et sa grand-mère.

Aux cris et aux larmes, Dag Johan Haugerud préfère les longs dialogues, ni plombants ni trop écrits, lui qui est par ailleurs un romancier célèbre dans son pays. On disserte de David Bowie ou de Flashdance, on s’interroge sur les applications de rencontre ou la possibilité de se remettre de la tromperie. Les échanges deviennent le cœur de l’action et leur justesse participe grandement de la réussite de ces films simples, qui évitent également l’écueil du drame bourgeois en préférant des personnages de tous horizons. La trilogie d’Oslo apparaît alors pour ce qu’elle est, un voyage au cœur du banal d’une rare élégance, qui donne envie tout à la fois de partir découvrir la capitale norvégienne et de (re)tomber amoureux.

MARGAUX BARALON

La trilogie d’Oslo

Réalisé par Dag Johan Haugerud

Rêves

Johanne tombe amoureuse pour la première fois de sa vie, de sa professeure. Elle relate ses émotions dans un carnet. Quand sa mère et sa grand-mère lisent ses mots, elles sont d’abord choquées par leur contenu intime mais voient vite le potentiel littéraire.

Amour

Sur un ferry qui les ramène à Oslo, Marianne, médecin, retrouve Tor, infirmier dans l’hôpital où elle exerce. Il lui raconte qu’il passe souvent ses nuits à bord, à la recherche d’aventures sans lendemain avec des hommes croisés sur des sites de rencontre. Ces propos résonnent en Marianne, qui revient d’un blind date organisé par sa meilleure amie et s’interroge sur le sens d’une vie amoureuse sans engagement.

Désir

Un ramoneur, heureux père de famille, en couple avec son épouse depuis des années, a une aventure inattendue avec un client ... Il ne la considère ni comme l’expression d’une homosexualité latente, ni comme une infidélité, juste comme une expérience enrichissante. Il s’en ouvre à son épouse, qui le prend mal, puis à son patron, marié comme lui, qui lui avoue faire toutes les nuits des rêves dans lesquels il est une femme, objet du désir de David Bowie...

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