LES INDOMPTÉS – Daniel Minahan

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Osé(f)

Surfant sur la vague de popularité de ses acteurs (Jacob Elordi, Daisy Edgar-Jones, Will Poulter) et sur la promesse d’une romance aussi érotique que houleuse, le triangle amoureux des Indomptés se retrouve malheureusement noyé entre des pistes scénaristiques inabouties et une flopée de clichés.

Une esthétique rétro soignée (même si elle est un poil aseptisée), un scénario en apparence sulfureux, et un casting qui regroupe les acteurs les plus bankables du moment – la star d’Euphoria, Jacob Elordi, la révélation de Normal People, Daisy Edgar-Jones, et Will Poulter, bien connu pour ses rôles dans The Revenant ou Midsommar – la recette était parfaite pour un film hollywoodien divertissant qui saurait attirer les millenials et la gen Z. Adapté du roman de Shannon Pufahl, On Swift Horses, Les Indomptés suit le parcours de Muriel, nouvellement mariée à Lee, dont les sens vont être troublés par l’arrivée du frère de celui-ci, Julius. Si cette première ligne de script n’a rien de profondément original, son développement donnait quelques espoirs de renouveau. Finalement, pas de romance entre Muriel et Julius. Chacun s’installe de son côté (lui à Vegas et elle en Californie avec son mari) et découvre son homosexualité. Tandis que Julius vit une romance passionnée avec Henry (Diego Calva, la découverte de Babylon) dans les combles du casino dans lequel il travaille, Muriel se rapproche de sa voisine Sandra (Sasha Calle).

Mettre ces histoires en parallèle et les faire communiquer grâce aux rares échanges téléphoniques et épistolaires entre les deux personnages principaux auraient pu être une idée intéressante si elle était allée jusqu’au bout. À savoir, si cette mise en scène avait permis au spectateur de comprendre véritablement l’éveil de leurs désirs, et leur difficulté à l’assumer dans cette société américaine des années 1950. À la place, les personnages semblent tout droit sortis d’une fiction Wattpad, offrant une unidimensionnalité à la lisière du problématique : Julius, puisqu’il est gay et très beau, se révèle forcément grand manipulateur, et Muriel est une jeune et jolie bourgeoise qui, pour chasser l’ennui, s’encanaille avec sa voisine. Quant à Lee, le mari trompé, il disparaît peu à peu du scénario (en même temps, qui va s’intéresser à la seule personne un tant soit peu sympathique de cette histoire ?).

Pour maintenir le rythme et l’attention du spectateur, Daniel Minahan ne se prive pas d’ajouter des scènes de sexe prétendument osées de manière tout à fait aléatoire, dont une qui ouvre le film en étant entrecoupée par un plan où Jacob Elordi joue avec des cartes (une manière excellemment subtile de montrer que les amours sont un jeu de poker, certainement ?). À cela s’ajoutent quelques dialogues aussi fins qu’un sandwich margarine-beurre de cacahuète et des réflexions sur le désir aussi épaisses qu’une crêpe, le tout finissant en eau de boudin.

ENORA ABRY 

Les Indomptés

Réalisé par Daniel Minahan

Ecrit par Bryce Kass

Avec Jacob Elordi, Will Poulter, Daisy Edgar Jones

US, 2024

Muriel et son mari Lee démarrent une nouvelle vie en Californie lorsque qu’il revient de la guerre de Corée. Rapidement, l’équilibre de leur couple va être bouleversé par l'arrivée du charismatique Julius, le frère de Lee, un flambeur au passé secret. Un triangle amoureux se forme. Mais Julius décide de suivre Henry, un jeune joueur de cartes dont il est tombé amoureux. Ébranlée par ce départ et plus éprise d’indépendance que jamais, Muriel trouve un exutoire dans les courses de chevaux et l’exploration d’un amour qu’elle n’aurait jamais osé imaginer…

En salles le 30 avril 2025.

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