Festival de La Roche-sur-Yon 2025 – Nos trois coups de cœur

The New West / Copyright Pyramide Distribution

Un grand Ouest transformé, deux femmes au foyer pas si désespérées et une équipe de parkour gazaouie : le Festival international du film de La Roche-sur-Yon s’est tenu du 13 au 19 octobre et Sorociné en a rapporté trois coups de cœur puissants et originaux de réalisatrices.


Pyramide Distribution

The New West, Kate Beecroft

Quelque part entre The Rider, de Chloé Zhao, et un compte d’influenceuse sur TikTok, se trouve Tabatha, éleveuse de chevaux dans les paysages à couper le souffle des badlands, dans le Dakota du Sud. Blondeur et faux cils de poupée, poigne de fer, traumatisme latent, cette femme tout en contrastes et paradoxes joue son propre rôle devant la caméra de Kate Beecroft, avec l’ensemble de ses enfants, les biologiques et tous ceux qu’elle recueille dans son ranch, refuge autant pour les animaux que pour les humains fracassés par la pauvreté ou les addictions de leurs parents. Entre le documentaire et la fiction, The New West se pose en western contemporain touchant, capture le choc improbable d’une Amérique qu’on pensait disparue, celle des cow-boys et des rodéos, avec le monde moderne fait de réseaux sociaux. Avec bienveillance mais sans angélisme, la réalisatrice en profite pour interroger la place des femmes dans cet univers autrefois si masculin, et remettre en perspective un capitalisme qui ne coule pas toujours de source dans ce pays qui l’a pourtant élevé au rang d’art. Visuellement magnifique, The New West est aussi très touchant.


Deux femmes en or, Chloé Robichaud

En réalisant le remake d’un film érotique québécois culte dans les années 1970, Chloé Robichaud avait du pain sur la planche : il lui fallait se débarrasser de la mauvaise réputation d’une œuvre très datée, remettre au goût du jour le thème du désir féminin et s’accorder une incursion du côté de la comédie, genre jusqu’ici inexploré par l’autrice de Sarah préfère la course. Le résultat est assez réjouissant. Sur une esthétique pop qu’on ne lui connaissait pas, Chloé Robichaud passe l’histoire de Violette et Florence, femmes au foyer (l’une vient d’accoucher, l’autre est en arrêt de travail) qui décident de tromper leur abstinence sexuelle subie avec des inconnus, à la moulinette de l’ère post-#MeToo. Le résultat est léger dans le traitement mais sérieux sur le fond, souvent irrévérencieux, avec un rire au bon endroit et un timing comique très maîtrisé.


Yalla Parkour, Areeb Zuaiter 

Difficile, devant le film d’Areeb Zuaiter, de ne pas penser à Put Your Soul on Your Hand and Walk, de Sepideh Farsi. Il faut dire que ces deux documentaires partagent un même décor, Gaza, et une distance similaire avec leur sujet, abordé via des écrans interposés. Sepideh Farsi filmait ses conversations en visio avec la photojournaliste Fatma Hassona ; Areeb Zuaiter a récupéré quant à elle les rushs de vidéos amateurs tournées par des adeptes du parkour, ce cheminement acrobatique en milieu urbain. La réalisatrice palestinienne, exilée aux États-Unis, jette son dévolu sur Ahmed, athlète qui mise tout sur ce sport pour se sortir de Gaza – l’histoire se déroule bien avant les massacres commis par Israël sur le territoire après le 7 octobre 2023. En remontant sa trace, Areeb Zuaiter découvre que ce passe-temps pas comme les autres devient, pour les jeunes hommes palestiniens qui le pratiquent, un acte de résistance et de réappropriation. Réappropriation de leur terre défoncée par un conflit qui ne s’éteint jamais, résistance via la maîtrise de leur corps en toutes circonstances, même dangereuses.


MARGAUX BARALON

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