Festival de Dinard 2025 – Nos quatre coups de cœur

Sans craindre la drache bretonne, Sorociné a fait cap sur Dinard pour découvrir la 36e édition du Festival du film britannique et irlandais qui s’est tenu du 1er au 5 octobre dernier. Entre deux crêpes, la rédac’ a sélectionné quatre pépites cinématographiques venues d’Outre-Manche.


Dragonfly, Paul Andrew Williams (UK)

Auréolé de l’Hitchcock d’or par le jury présidé par Claire Chazal, Dragonfly est certainement l’un des films les plus surprenants de ces dernières années. Pourtant, le scénario ne payait pas de mine : une quadra paumée n’aimant que son chien finit par se lier d’amitié avec sa voisine âgée. Ne craignant pas le mélange des genres, Paul Andrew Williams passe du drame social un peu contemplatif à la comédie touchante, pour finir sur un thriller haletant. Sans s’embarrasser d’effets de manche ou de dialogues à rallonge, le réalisateur laisse toute la place à ses actrices (magistrales Andrea Riseborough et Brenda Blethyn) qui mènent d’une main de maître cette machine infernale.


Spilt Milk, Brian Durnin (UK et IE)

Avis aux adorateurs de Moonrise Kingdom ou de Jojo Rabbit ! Si vous cherchez des gosses drôles, têtus et déterminés à partir à l’aventure, Spilt Milk est fait pour vous. On y suit Bobby et sa meilleure amie Nell, deux enfants de onze ans qui jouent les détectives dans le Dublin des années 1980. Entre les affaires de bonbons et de ballons volés, ils tombent sur l’enquête de leur vie : la disparition d’Oisin, le grand frère de Bobby. En suivant ses petits héros dans leurs investigations, Brian Durnin dévoile progressivement les difficultés de l’Irlande de cette période, affaiblie par des conditions économiques difficiles et la prolifération des drogues dures, sans pour autant verser dans le misérabilisme. Intelligent, touchant et indéniablement rythmé, Spilt Milk est un petit bonbon (au cœur acidulé) à consommer sans modération.


Testimony, Aoife Kelleher (IE)

Après Sex in a Cold Climate (1998), The Magdalene Sisters (2002) ou récemment Tu ne mentiras point (2025), c’est au tour de Testimony de s’attaquer au scandale qui a fait trembler l’Irlande : celui des couvents de la Madeleine, institution catholique qui infligeait des traitements tortionnaires aux femmes « perdues » enfermées derrière ses murs entre 1922 et 1996. Mais bien loin de répéter ce qui a été dit, Aoife Kelleher apporte sa pierre à l’édifice en mêlant les témoignages des victimes au récit de ceux qui ont monté les dossiers pour forcer l’État irlandais à reconnaître sa responsabilité dans cette affaire en 2013. La réalisatrice évoque même d’autres faits peu connus, comme la revente des bébés des internées à des familles américaines ou les conditions déplorables des orphelinats associés aux couvents. Un geste de cinéma indéniablement fort et politique.


Dreamers, Joy Gharoro-Akpojotor (UK)

Premier long de la productrice anglaise, Dreamers raconte l’histoire d’Isio, une migrante nigériane en situation irrégulière à Londres qui se retrouve dans un centre de rétention. Elle y rencontre Farah, en attente de la réponse à sa demande d’asile. En suivant le début de cette romance ainsi que les amitiés qui vont se nouer dans le centre, Joy Gharoro-Akpojotor montre l’importance de faire corps face à un système oppressif, mais aussi la possibilité de se trouver et de s’affranchir dans les lieux les plus désespérés.

Pour lire notre interview avec la réalisatrice de Dreamers, cliquez ici.


ENORA ABRY

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