ELIO - Domee Shi et Madeline Sharafian

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Rencontre du troisième type

Avec Elio, les studios Disney-Pixar proposent, malgré les nombreuses polémiques créatives entourant le film, de répondre avec leur facétie et leur tendresse habituelle à l’une des grandes questions universelles : « Sommes nous seul·es dans l’univers ? »

« C’est un thème humain ancien. Vous pouvez le trouver dans pratiquement toutes les cultures sous une forme ou une autre, dans la religion, le folklore, la superstition et maintenant dans la science. La recherche de la vie ailleurs est remarquable à notre époque, car c’est la première fois que nous pouvons réellement faire quelque chose en dehors de la spéculation. Nous pouvons envoyer des engins spatiaux vers des planètes proches, nous pouvons utiliser de grands radiotélescopes pour voir s’il y a un message qui nous a été envoyé récemment...Cela touche aux préoccupations humaines les plus profondes. Sommes-nous seuls ? » Cité par deux fois, le scientifique et astronome américain Carl Sagan et ses travaux semblent faire figure d’Étoile polaire pour le jeune protagoniste du dernier-né des studios Disney-Pixar. À la suite du décès de ses parents, Elio Solis doit vivre avec sa tante Olga, ancienne aspirante astronaute et major de l’armée sur un projet spatial, qui a abandonné ses rêves d’espace pour élever son neveu. Au détour d’une exposition consacrée à l’exploration spatiale, il fait la découverte du programme Voyager 1, sonde spatiale destinée à l'étude des planètes externes du Système solaire conçue en 1977. Fasciné par la perspective de trouver d’autres formes de vie mais aussi dévasté par le chagrin et enthousiaste à l’idée d’échapper à son quotidien morne sur Terre, Elio, devenu un préadolescent nerdy, solitaire et rêveur, va tout faire pour se faire enlever par des extraterrestres, vivre l’aventure qui changera sa vie et devenir par un quiproquo espiègle le représentant de la Terre dans les confins de l’espace.

Film tendre sur la notion de « faire famille », le processus de deuil et la quête identitaire, Elio n’est certes pas la proposition la plus révolutionnaire sortie des studios d’animation Disney-Pixar en matière de narration, mais la puissance de l’animation demeure contagieuse et joviale, malgré les nombreuses polémiques entourant le projet. Si bien que la version finale sortie en salles semble souffrir de cette gestation pénible. Créé dans la douleur, Elio fait face au départ de son réalisateur original Adrian Molina (Coco) à l’été 2024. Après la présentation désastreuse d’une première version en projection test, le studio procède à la suppression de scènes faisant allusion à des thématiques queer et la possibilité d’une identité queer de son personnage principal, selon un article publié par le Hollywood Reporter. Molina est remplacé par les coréalisatrices Domee Shi (Alerte rouge) et Madeline Sharafian. Le film rejoint la liste des projets accidentés et pinkwashés du studio depuis l’annonce de la conservatrice « Don’t Say Gay Bill » en 2022 dans l’État de Floride (loi interdisant aux enseignants d’évoquer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre devant leurs élèves à l'école primaire) et la réélection de Donald Trump, à l’instar du film Buzz l’éclair (2022) ou de la série Gagné ou Perdu (2025).

One in a lifetime

Malgré ces changements réactionnaires, Elio Solis, jeune héros téméraire et maladroit d’origine latino-américaine, intègre avec facilité le panthéon des héro·ines Disney-Pixar, personnages attachants, tout en rondeur et surtout en quête souvent maladroite d’iel-mêmes. Au-delà des liens familiaux, le film explore un autre grand sujet sociétal de notre temps, les constructions masculines. Elio, garçon maladroit et marginal projetant une masculinité dite « douce », croise la route du jeune Glordon, alien timide effrayé par les rêves de conquête et de violence de son père, leader de leur planète. Le seigneur Grigon est un chef de guerre impitoyable et irascible perpétuant la domination et le pouvoir par la puissance militaire. Toujours très imagée sur ses représentations, l’animation accole à cette espèce alien au physique rond et mou de limace une carapace métallique de guerrier comme un exosquelette, symbole explicite d’une masculinité brutale et renfermée. C’est ensemble qu’ils trouveront le courage de s’émanciper de leur environnement respectif et surtout d’apprendre à faire face à la perte d’êtres chers.

Si on se désole face à la suppression de l’exploration complexe des questions identitaires que la version d’Adrian Molina devait nous proposer, qui se répercute inévitablement sur la représentation des enjeux de masculinité, le film demeure un véhicule puissant d’imaginaire et donnera sûrement des envies d’exploration spatiale et de voyage vers des galaxies très lointaines au jeune public.

LISA DURAND

Elio

De Madeline Sharafian, Domee Shi, Adrian Molina

Avec les voix (VO) de Yonas Kibread et Zoe Saldaña (VF) Nathan Dupont et Zita Hanrot

Etats-Unis , 2025

Depuis toujours, l’humanité lève les yeux vers les étoiles en quête de réponses… et cette fois, l’univers a répondu ! Elio, un garçon de 11 ans rêveur et passionné d’espace, peine à trouver sa place sur Terre. Mais sa vie bascule lorsqu’il est mystérieusement téléporté dans le Communiverse — une organisation intergalactique rassemblant des représentants (aussi étranges que fascinants) de galaxies lointaines. Pris par erreur pour l’ambassadeur officiel de la Terre, il se retrouve propulsé au cœur d’une mission aussi périlleuse qu’extraordinaire. Heureusement, il pourra compter sur Glordon, un extraterrestre aussi loufoque qu’attachant, et sur sa tante Olga, qui veille sur lui depuis la Terre. Au cours de cette aventure hors du commun, Elio devra prouver qu’il est le digne représentant des humains tout en découvrant qui il est vraiment et où se trouve sa place.

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