YOU’LL NEVER FIND ME - Indianna Bell et Josiah Allen
©Maxx Corkindale
“I am the one who knocks”
La dernière exclusivité Shadowz est un thriller en huis clos qui ne tire pas assez son épingle du jeu.
Patrick vit seul dans un mobil-home au fond d’un parc de caravanes. Une nuit d’orage, une jeune femme tambourine à sa porte. Elle veut se mettre au sec et passer un coup de téléphone : c’est un postulat très classique mais qui laisse champ libre à une infinité de variations. Dans un premier temps, le film joue avec les méfiances réciproques de ses protagonistes. Patrick, qui vit en ermite, n’apprécie pas vraiment la compagnie de cette nouvelle venue. Est-ce un danger ? Ou bien cette femme est la victime, face à un homme capable du pire ?
You’ll never find me tente d’imposer une tension cousue de fil blanc, à travers les dialogues et les silences, qui s’alternent pendant qu’un personnage observe l’autre. La caméra, elle, demeure simple témoin esthétique. Elle ne va jamais au-delà de ce rôle pendant 1h40 et quand les expérimentations formelles psychédéliques s’inscrivent dans le récit, il est déjà trop tard. Cette folie passagère ne suffit pas à réveiller le ronronnement d’un jeu du chat et la souris trop long, trop morne, qui a distillé toutes ses pistes plutôt que de manipuler les spectateur.ices.
Le cadre est sympathique, du rural horror version mobil-home, avec un homme qu’on n’arrive pas vraiment à cerner, et une possible victime trop envahissante, dans un tout petit abri. Le rapport avec l’extérieur est probablement le meilleur élément du film, c’est celui qui instaure le mieux la paranoïa naissante. Il oppose sans cesse le confort dangereux d’un intérieur mystérieux et la vulnérabilité des corps dans une nature austère, avec un supplément « voisins peu fréquentables ». Le reste ne suit pas, le film semble davantage observer la mise en scène de son suspense plutôt que de l’instaurer. Ce recul ne trouve jamais le bon ton, restant froid sans être glaçant et trop long pour devenir impactant. Le récit a déjà joué toutes ses cartes lorsqu’il intègre des éléments à clefs, pour reproduire les mêmes défauts. C’est toujours timide et peu palpitant puisque l’on comprend très rapidement que ces rebondissements ne mènent à rien de plus que le spectacle que l’on observe déjà depuis le début. A sa fin, You’ll never find me (pourquoi ce titre ?) imite les allures lentes d’un elevated horror pour une tentative de vernis peu convaincant.
MANON FRANKEN
You’ll Never Find Me
Réalisé par Indianna Bell et Josiah Allen
Écrit par Indianna Bell
Avec Jordan Cowan, Brendan Rock et Elena Carapetis
Australie, 2023
En pleine nuit, alors que la tempête fait rage, une jeune femme dans le besoin vient frapper à la porte du mobile home de Patrick, méfiant et solitaire. Il la laisse entrer. Intrigués et soupçonneux, tandis qu’ils apprennent à se connaître, ils se sentent menacés. Mais que doivent-ils vraiment craindre ?
Sur Shadowz le 26 avril 2024.
