Édito PREMIÈRES - N°1

Après le sommaire, retrouvez l'édito signé Pauline Mallet qui inaugure le numéro 1 de Sorociné, intitulé PREMIÈRES, disponible début juin.

ÉDITO D'OUVERTURE

En 2018, quelques mois après l’affaire Weinstein, le premier épisode du podcast Sorociné est mis en ligne. Nous étions dans une ébullition qui ne nous a plus jamais quittée. Car si pour beaucoup, aborder le cinéma par le biais de questions féministes, progressistes et plus globalement, sociales, est une forme de censure, pour nous c’est une manière de le faire exister autrement. De  le compléter, de le magnifier, d’en dessiner d’autres courbes. À travers cette revue nous désirons porter, partager et propager les voix de celles que l’on a trop souvent invisibilisées. En France, comme partout ailleurs, les femmes de cinéma ont une histoire, des histoires. Ces histoires sont autant les leurs que les nôtres. Nous croyons au pouvoir du cinéma, des images et des récits et c’est pour cela que cette revue est née. Elle est née d'une envie de partage, presque dans une optique d’héritage. Le cinéma sans aborder les femmes a toujours été un mépris, une faute ou au mieux un oubli inconscient qu’il est grand temps de nommer pour ne pas le recréer. Voir les films réalisés, écrits, produits, éclairés, composés par des femmes est un acte d’amour, de respect et, à l’heure actuelle, il est encore un acte de révolution. Une révolution qui se manifeste là, devant nos yeux, sur nos écrans de cinéma. Ces mêmes écrans éteints depuis des mois. Nous avons conscience que ce premier numéro, sobrement intitulé Premières, est publié dans des conditions particulières. Celles d’un monde à l’arrêt où la culture, non-essentielle, a pourtant été la clé de cette aventure. Cette même culture qui a libéré la parole, libéré l’écoute, libéré nos regards. Du matrimoine à l’actualité, des plateaux de cinéma aux révolutions des petits écrans, des compositrices aux directrices de la photographie, des attachées de presse aux distributrices, des techniciennes aux actrices, le premier numéro de Sorociné est une lucarne. Quoi de mieux pour commencer une aventure aussi palpitante qu’une revue papier que de débuter par un chapitre sur  les premières. Quand on parle de premières ou de pionnières on imagine rapidement le cinéma  des premiers temps, le noir et blanc d’une pellicule vieillie, les images d’une vie d’antan. Mais ce qui est formidable avec le cinéma c’est que les premières sont aussi lointaines que récentes. Encore plus si l’on se penche sur son histoire par le biais des femmes et davantage si nous considérons ce mot via toutes les nuances et les complexités raciales et sociales qu’il contient. Nos pages en contiennent beaucoup mais l’Histoire du cinéma (voire les histoires du cinéma tant elle est riche et multiple) est si dense que les réunir dans un seul numéro est impossible. Là encore il y a quelque chose de magique, d’excitant et d’enrichissant. On ouvre une porte et des centaines de visages sont là avec autant de parcours et d'œuvres différentes. Voyez ce numéro  et les femmes qui le peuplent comme une ouverture et non pas comme un aperçu définitif. Nous  avons appris, beaucoup appris et nous espérons que ce premier numéro ouvrira une curiosité et  allumera un feu qui ne s’éteindra plus jamais. 

Pauline Mallet

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